Français? ¿Español?

Que el idioma desconocido no te amedrente. Bajando por la columna de la izquierda, después de mis libros y antes de otras rúbricas, se pueden leer textos míos. Algunos están en castellano, otros en francés, otros en ambos idiomas.

N’ayez pas peur de la langue inconnue. En descendant par la colonne de gauche, après mes livres, après les critiques, et avant d'autres rubriques, il y a des textes que j'aime partager. Ils sont tantôt en français, tantôt en espagnol, tantôt dans les deux langues. Je ne sais pas faire autrement.

mercredi 21 novembre 2007

Voir article du journal Le Dauphiné Libéré annonçant la rencontre.



(Cliquez sur l'image, elle s'agrandira)

jeudi 8 novembre 2007

Lycée Albert Camus. Le Progrès de Rillieux-la-Pape

Cet article, publié le 14 octobre dans Le Progrès de Rillieux-la-Pape, rend compte de la première des deux heures passées auprès des élèves le 12 octobre. (Pendant la deuxième heure, très riche aussi, nous avons parlé du Livre de Carmen.)

samedi 20 octobre 2007

Les portes ouvertes d'Espaces latinos

Du Château de Grignan au CRLA de Poitiers,
en passant par
le Lycée Albert Camus de Rillieux-la-Pape et
la Maison des Passages à Lyon

espaces Latinos, une belle association, ouverte sur le monde, un pont entre les sociétés et cultures d’Amérique latine et de France. Ils publient un mensuel du même nom, espaces Latinos, qui annonce comme leitmotiv: « Pour les droits de l’homme, la démocratie, la liberté, la justice sociale et contre toute dictature». Je suis admirative, il n’y a pas de mal à le dire, et particulièrement reconnaissante de leur main tendue.

Dans le cadre du sixième festival Belles latinas, organisé par espaces Latinos et dédié à la littérature d’Amérique latine, j’ai pu participer avec quatorze autres écrivains à une série de rencontres. Après « Femmes en Littérature » au Château de Grignan, ce fut un rendez-vous très émouvant avec des professeurs et des élèves du lycée Albert Camus à Rillieux-la-Pape. J’espère y retourner pour pouvoir continuer l’échange interrompu par les impératifs du temps. Les élèves, qui travaillent avec mes deux livres, avaient préparé des panneaux illustrés sur le Chili autour de quelques passages de « El Hilo del Medio ». J’ai été particulièrement touchée par le panneau sur Gabriela Mistral où sont cités une lettre de ma mère et un commentaire que j’ai écrit sur le séjour de la poétesse chez mes grands-parents à Punta Arenas.

Puis, j’ai été invitée à participer à une table ronde sur l’exil, animée par Marián Duran, à la Maison des Passages à Lyon. Étrange expérience que de me retrouver à cette table, moi qui n’ai pas souffert de l’exil forcé comme tant de mes amis.


Marián Duran au centre (photo de Céline Ebersviller)


Marie Oury, lisant un passage du Livre de Carmen (photo de Céline Ebersviller)


Ma dernière rencontre s'est passée au Centre de Recherches Latino-américaines - Archives de l'Université de Poitiers, le CRLA, que je ne connaissais pas, et où j’ai été invitée à présenter mes livres devant des chercheurs venant de nombreux pays, lors d'un colloque passionnant sur les métissages, .

lundi 1 octobre 2007

Hier, 30 septembre, au Château de Grignan dans la Drôme



(Cliquez sur les articles du journal: ils s'agrandiront)

La rencontre annoncée par le Dauphiné Libéré de la Drôme eut bien lieu et fut très belle.

L'accueil digne d'un château, et moi, humble immigrante patagone dans le monde des lettres, je me suis trouvée fort honorée, d'être là, entourée d'Ana Helena Rossi et de Grecia Caceres.

Merci aux responsables du Château de Grignan, merci aux organisateurs du Festival Belles Latinas de cet avant-goût de réjouissances à venir, et merci à Monsieur Gérard Meudal, journaliste au Monde des livres, d'avoir essayé de me convaincre de ma condition d'écrivain, d'avoir dit que mon récit autobiographique avait un goût de roman et d'avoir ajouté que mon roman, Le livre de Carmen, avait un bon parfum de polar ( ou le parfum d'un bon polar...).


(Cliquez sur l'image: elle s'agrandira)




ULIBROS

El sitio original ULIBROs de REUNA donde fue publicada esta reseña en 2003, desapareció de la tela durante el año 2009. Esto es de una copia que conservé.

De la autora María London Ril editores presenta:
El Hilo del Medio

Chile, nación patiperra, de raíces repartidas en lejanos continentes. Por la venas nos corre el bichito de explorar lo hay detrás de la Cordillera. Como muy bien apunta María London "la sangre latinoamericana no es sólo una mezcla a proporciones variables de sangre española e indígena, sino también de muchas otras que no deben olvidarse". ¿Pero qué es lo que ocurre cuando se extraña la Patria, cuando hacen falta en la cara los fríos de los vientos australes, cuándo se intenta descubrir la historia de esa suma de historias que hacen de uno lo que es? Esta es la historia de la familia de una mujer que tras el seudónimo de María London, se acerca mediante la palabra escrita a lo más profundo de sus raíces.

Antes de que una María London firmara este "El Hilo del Medio", hubo una María Isabel Chenin -es su apellido de casada- en la ciudad francesa de Grenoble, que quiso investigar la historia de su familia. María Isabel Mordójovic, su nombre de bautismo, es una chilena magallánica de raíces ruso yugoslavas que un buen día se enamoró de un matemático francés -profesión que comparte- y emigró al viejo continente, realizando la ruta inversa de sus antepasados.

Al contraer matrimonio en Francia, sus apellidos fueron reemplazados por el de su marido. Este permute contribuyó a que sus identificaciones patronímicas originales, cargadas de historia, fueran quedando en el olvido, de manera que sus hijos crecieron casi sin conocerlos.

Constatando que día a día sus raíces se esfumaban un poco más, María decidió dar una lúcida mirada hacia atrás y rehilvanar una historia gestada en el confín del mundo. La historia de sus antepasados, una cargada de misterios y magia que empezaron a develarse gracias a una búsqueda en Internet que dio como resultado no sólo un hallazgo parental, sino el inicio de una relación que abriría definitivamente la senda de su propia búsqueda de la identidad; no cualquiera identidad, la suya, la de sus padres, la de sus abuelos.

En el camino de las autobiografías, todo lo que se pueda contar es poco; en el de la búsqueda de Maribel, María Isabel, la ruta está marcada por una gran cantidad de sucesos mágicos, de encuentros cargados de una emoción profunda, que ciertamente es traspasada al lector a través de cada una de las páginas a las que, como autora primeriza, da vida.

El encuentro de Darko, Claudette, Gaviota y la cantante brasileña, son sólo algunos de los hitos; la presencia de las tías, la que le obsequia en vida y tras la muerte esos anillos que le hablan de tanta vida que no hay que olvidar, la de su madre, la voz potente del padre; tanto hilo en la madeja de su historia.

"El Hilo del Medio", no es sólo una biografía novelada, no es únicamente la búsqueda de ese sentido que requiere la autora para explicarse a sí misma, para darse a conocer a sus hijos, para comprender a sus padres y su familia toda, más diría que el hilo del medio se refiere al esternón de Maribel, sí a su esternón; a su esternón partido de arriba abajo, para que dos manos separen sus costillas y se vea todo lo que es ella en carne viva. Leer "el Hilo del Medio" es por sobre todo, leerla a ella, sus miedos, sus pasiones, sus ansias, sus deseos de pararse en la tierra con la absoluta certeza de saberse entera.

Dijimos ya que Maribel Chenin es autora primeriza, y cabe destacar que ciertamente eso le aporta doble mérito a este libro, pues no sólo resulta fascinante en cuanto a sus hallazgos, e interesante en lo que se refiere a la construcción y presentación de aquellas cosas que generan una identidad y una historia austral -del Chile austral-, sino que además, agradable y profundo en su lectura; hay aquí una buena construcción dramática, un efectivo manejo de los tiempos y una escritura simple, pulcra y bella.

María José López Pourailly







mardi 18 septembre 2007

Table Ronde de l'Association pour l'Autobiographie sur le thème « Vies croisées » Marly-le-Roi, 7 juin 2003.

(Après avoir mis en ligne mon texte « L’autre », l'idée m'est venue de partager cette ancienne présentation concernant un autre aspect de « l'altérité »)

Dans son dernier livre, Milan Kundera explique qu’en espagnol le mal d’ailleurs ou nostalgie, se dit nostalgia, mais aussi añoranza qui provient du mot latin ignorare, ne pas savoir... Après lecture de ce livre, L’Ignorance, j’ai un regard plus éclairé sur ma propre écriture, sur ma propre quête : chez l’immigrant, ayant passé une vie à s’intégrer, à pratiquer une nouvelle langue, à gommer les différences, arrive le jour où le regard de l’autre devient douloureux, car l’autre ne vous voit pas. Il voit l’idée qu’il se fait de vous, mais il ignore ce que vous êtes. Si vous visitez votre terre d’origine, le regard de vos anciens amis ne paraît pas être un regard juste, et le vôtre ne l’est sans doute pas davantage, car vous devenez étranger à votre propre terre. Vous arrivez ainsi, où que vous soyez, à éprouver la sensation étrange de ne plus exister, d’être transparent.


Une réponse pour briser cette ignorance, pour retrouver une place à soi dans le monde de l’autre, est de forcer son regard par un acte fort, comme l’est l’écriture et la publication dans les deux pays de ce que l’autre ne peut ou ne veut pas voir. C’est une démarche qui a engagé toute mon énergie, et ceci avec une volonté qu’auparavant je n’avais pas connue, un peu comme si c’était indispensable à ma survie. Je n’avais jamais écrit, pourtant, au moment de commencer, je savais que j’écrirais un livre et que je le publierais. Personne ne l’a cru, personne n’a compris que je ne pouvais pas faire autrement.


Ma volonté première a été d’écrire en français pour faire connaître en France mon identité et mon histoire. Je voulais, pour ces raisons, utiliser les vrais noms de ma famille, mais la pression de cette dernière m’a contrainte à les changer et même à emprunter un pseudonyme. Résultat : j'ai gagné deux nouveaux noms, le faux nom que je porte dans mon récit plus celui, inspiré par mon histoire, et que j'ai choisi comme nom d'auteur.


Le problème des deux langues a été un déchirement. Je n’ai jamais été douée en lettres. Je ne suis pas bonne en espagnol, ne parlons pas du français. Obligée de rédiger en espagnol, afin de valider mon récit par les miens, j’avais envisagé d’écrire en parallèle en français; j’ai vite compris qu’écrire un livre nécessitait corriger sans cesse, restructurer, revenir en arrière et qu’il était impossible de le faire en deux langues simultanément. J’ai donc écrit en espagnol. Le jour même où j’ai fini la version en espagnol, j’ai commencé celle en français : mi-traduction, mi-réécriture. Puis, j’ai dû faire corriger, corriger et corriger encore pour que le niveau de langue soit « acceptable ». J’avais mal mesuré mes difficultés en français. Le manuscrit déposé à l’APA, en 2001, a subi encore d’innombrables corrections, mais le contenu de la version finale, à une page près rajoutée en 2002, n’a pas changé.


Parmi les lecteurs, certains refusent de comprendre la démarche vitale de l’écriture de soi et m’ont dit en toute amitié : « dommage que tu n’aies pas osé sauter le pas d’écrire un roman ». Ces lecteurs ne voient pas l’essentiel, ils pratiquent une autre forme d’ignorance à la Kundera.

Mon sentiment d’être étrangère, différente, issue d’une terre égale à nulle autre, vient de ma petite enfance. Je suis née à Punta Arenas en Patagonie chilienne. A l’époque, cette terre connaissait la quatrième génération des descendants des premiers immigrants. Dans ma ville natale, tout le monde, ou presque, venait d’ailleurs ou avait des racines lointaines. Il y avait une importante colonie de Croates, bien qu’en ces temps-là, on disait Yougoslaves. La famille de ma mère était croate. Son père avait immigré en 1904 mais sa mère, dont les parents avaient immigré à la fin du dix-neuvième siècle, était née sur place. A Punta Arenas, il y avait des Anglais, des Allemands, des Français, des Italiens et bien d’autres encore. On entendait parler toutes les langues mais personne ne faisait bande à part. Les origines et les cultures se mêlaient donnant naissance, comme dans mon cas, à des croisements assez inattendus. Mon père était venu de Santiago pour exercer son métier d’ingénieur dans la recherche du pétrole. Mon père, qui est d’origine russe, apparaissait au regard des autres d’une origine encore plus exotique que la leur. Les parents de mon père s’étaient connus en 1906 dans le bateau qui les emmena de la Russie vers le Chili. Je n’ai pas eu la chance de les connaître et j’ai appris seulement vers l’âge de treize ans qu’ils étaient juifs. Mon père, son frère et ses quatre sœurs s’étaient tous mariés à l’église catholique et je ne pouvais pas deviner ces origines. L’une des démarches importantes que j’ai entreprise, transcrite dans mon récit, a été de chercher à comprendre pourquoi et comment rien de la culture de ces ancêtres-là ne parvint jusqu’à moi. Pas un mot de russe ni de yiddish, pas un brin de leurs traditions, pas le moindre souvenir, pas un objet, pas un mot.


Quand j’avais sept ans, ma famille quitta la Patagonie pour Iquique, trois mille sept cents kilomètres plus au nord, toujours au Chili. Ce fut mon premier déracinement et certainement le plus marquant : le pays et la langue étaient les mêmes, la famille était la même et cependant tout avait changé. Le climat était radicalement différent, mais surtout, la ville d’Iquique ne portait pas en elle ce riche bouillon de cultures qui nous nourrissait à Punta Arenas.

Dans mon chapitre VI, j’ai écrit


Ce que je vais te dire, n’est pas facile à expliquer. Nulle-part je ne me sens à ma place. Le fait d’être chilienne et de vivre en France m’autorise à ne pas être obligée de justifier, devant les autres, mes nostalgies, ma tristesse. Tout le monde considère ici qu’il est légitime que j’éprouve de la nostalgie. En revanche, si j’étais restée au Chili, qui pourrait comprendre mes états d’âme lorsque la mélancolie s’empare de moi ? Comprends-tu ? La mélancolie m’habitait déjà au Chili, bien avant que je ne le quitte. D’une certaine façon, j’étais déjà une étrangère avant ma naissance. Ou, tout au moins, à partir du jour où j’ai quitté Punta Arenas. Ici, je suis vraiment étrangère et cela me donne la liberté dont j’ai besoin pour être plus à l’aise. Ici, je peux être moi-même, sans que personne ne considère ma manière d’être comme anormale. C’est comme si j’étais parfaitement déracinée, alors qu’au fond, je me trouve mieux ici que nulle part ailleurs.


....

Maria London

vendredi 7 septembre 2007

"L'autre"


Il est venu me faire un cadeau. Peut-être le plus beau que j’aie jamais reçu. Nos relations jusqu’à ce jour avaient été comme toutes les relations, une série d’échanges teintés, de part et d’autre, ne soyons pas naïfs, d’un certain intérêt. Il me rendait visite, égayant ma solitude, et je l’invitais à manger, flattant sa gourmandise. Il m’en remerciait chaleureusement, et je me réjouissais d’avoir si bien su lui faire plaisir. Nous avions parfois aussi, pourquoi ne pas l’avouer, d’agréables moments de tendre intimité. Mais il lui arrivait souvent de passer devant ma maison, inaccessible, ignorant totalement mon existence, sans daigner m’accorder un misérable regard ; et à moi, il m’arrivait de l’oublier. Il était fier et difficile à apprivoiser. Je ne peux pas dire que je le connaissais vraiment. On connaît rarement l’autre et, paradoxalement, encore moins celui qui est proche. Pour le connaître, il faudrait pouvoir disparaître à nous-mêmes afin de ne pas perturber la perception de sa réalité avec le miroir déformant de notre propre et encombrante substance. Ou du moins, à défaut de disparaître, faudrait-il réussir à se libérer du carcan de nos désirs et de nos attentes, de nos peurs aussi, comme de tout ce qui conditionne le lien. Il faudrait encore, ou surtout, que l’autre accepte de se montrer à nous tel qu’il est. C’est plutôt rare.

Une fois, des années auparavant, je l’avais ramassé dans la rue, malade à en faire peur. J’avais fait alors la seule chose que je savais avec certitude qu’il aimait de moi : je lui avais préparé un mets très délicat et le lui avais servi. Il s’était traîné jusqu’à l’assiette, avec un immense effort, je le vois encore ; et puis, à mon grand soulagement, avait fini par ingurgiter plusieurs bouchées. Je m’étais dit que si je réussissais à éveiller sa gourmandise, le désir de vivre l’emporterait ; je ne m’étais pas trompée.

Je croyais qu’il avait tout oublié de cet épisode, jusqu’à ce jour, après une longue période d’absence, où il est venu pour la dernière fois. Ce fut à cette occasion, alors que son geste ne pouvait m’obliger à aucune gratitude, notre relation désormais libre de tout lendemain, qu’il me fit le cadeau extraordinaire de s’offrir à mon regard. Ses yeux brillaient d’une étrange profondeur et exprimaient sans mots, sa propre et éblouissante vérité. Il n’attendait rien, même pas de la compassion, il était bien au-delà, l’imminence de sa mort était évidente ; ce qu’il voulait m’offrir, et je l’ai senti avec force, c’est que je sois le témoin de toute sa grandeur.

Après, il est descendu du fauteuil où je l’avais installé, et il a demandé à quitter ma maison. C’est avec des larmes aux yeux, que je l’ai vu s’éloigner dignement sur ses pattes de velours.

Je ne comprends toujours pas que sa disparition m’ait autant affectée. Ses maîtres ne l’ont jamais retrouvé.

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Juin 2007
Réflexion sur l'altérité à paraitre dans le numéro spécial du magazine Espaces latinos consacré au Festival Belles Latinas 2007



lundi 13 août 2007

Dédicaces, rencontres, Juin, Juillet, Août 2007

Le 11 août un accueillant café-lecture(voir ici) à Corrençon-en Vercors.



Toujours à Corrençon-en-Vercors, dédicaces et signatures, le 9 juillet, au Festival Plumes de Nature, et le 29 juillet, lors de La Fête des Arts. Entre les deux, une semaine de vacances en Croatie, et du travail; il le faut bien!

Le 30 juin, une rencontre-dédicace dans les locaux de DECITRE(voir ici), à Grenoble, où Le livre de Carmen est disponible en magasin depuis début juin, et très bien exposé. (DECITRE l'expédie rapidement si on le commande chez eux par Internet(cliquer ici).)


Le 29 juin, invitée par Michèle Caron, à l'émission " à vous de lire" de France Bleu Isère

samedi 23 juin 2007

Claude Fell commente "Le livre de Carmen"

"Chère Madame,
Je vous envoie comme convenu une brève notice (cliquer ici) sur votre livre que j'ai aimé, comme voulait l'indiquer mon intervention à la dernière Tribune des Livres de la Maison de l'Amérique latine. "

Je commençais à douter de mon roman, à me poser des questions, à me demander si j'avais bien fait de l'écrire, puis de chercher un éditeur. Mon inquiétude grandit de jour en jour, maintenant que je sais que les premiers lecteurs sont en train de le découvrir. Est-ce vraiment un roman? Il est si court! La notice reçue ce jour de la part de Claude Fell me fait le plus grand bien car elle répond à une partie de mes angoisses. C'est aux lecteurs maintenant de me donner les autres réponses dont j'ai besoin.

mardi 29 mai 2007

Invitée à l'emission « Un dromadaire sur l’épaule» de la Radio Suisse Romande, La Première, 28 mai 2007.

Tais-toi et écris.
J’aurais dû me souvenir de l’injonction que ma soeur m’a adressée, le jour où elle a lu les premiers chapitres de mon récit El Hilo del Medio (ou Philo-mèle; ce n’est pas un hasard que l’original de mon livre porte ce nom). Ma sœur me connaissait handicapée de la parole et devait croire que je l’étais aussi de la pensée. Ce fut la première fois de ma vie que j’ai eu droit à son admiration après un quasi demi siècle de «sororité » ; c’était plus qu’inattendu. Tais-toi et écris. Je suis tombée en écriture, comme sur une planche de salut après une vie de bruits gutturaux. J’aurais dû me souvenir du sage conseil de ma soeur et ne jamais accepter l’irrésistible et aimable invitation de Cyril Dépraz pour parler, oui parler, qui plus était en direct et sur les fréquences de la prestigieuse Radio Suisse Romande, de mon livre, devenu entre temps Tisseuse de mémoires de la Patagonie aux Balkans. Mais j’ai mauvaise mémoire, surtout quand il s’agit de sages conseils. Et comment refuser un tel honneur, un tel cadeau, si c’est pour parler de ma ville natale, l’australe, la lointaine, la plus belle, la plus désirée, Punta Arenas, celle que j’ai quittée le jour de mes sept ans ? Le Dromadaire sur l’épaule était accueillant et bienveillant. Le cœur y était, mon désir et la musique venue de ma terre aussi, mais la langue, celle que j’aurais voulu mienne à cet instant, comme à Philomèle, m’a encore manqué.

Par bonheur, après lecture de mon message ci-dessus, Cyril Dépraz en personne, m’a adressé une nouvelle injonction :

"Je trouve que vous êtes vraiment dure avec vous-même. Cette émission était très belle (Carmen, me l'a redit hier) parce que pleine d'authenticité, de fragilité mais aussi de passion et de force. Surtout ne vous taisez pas!"


mardi 22 mai 2007

2001: Amo las piedrecillas del Estrecho. J’aime les cailloux du Détroit.

Je suis arrivée à Punta Arenas, ville des amours de mes arrière-grands-parents, de mes grands-parents, de mes parents, de ma sœur aînée et d’un doux souvenir de mes vingt ans ! J’aime respirer ton air, sentir ta force et ton énergie, ville du bout du monde, dont on dit qu’il est encore plus difficile de la quitter que d’y arriver. Quelles difficultés énormes j’ai dû surmonter pour parvenir cette fois-ci jusqu’à toi, ma belle ville natale! Le premier jour j’embrasse le pied de l’Indien de la place Muñoz Gamero. Je marche par l’avenue Colon et contemple, émue, la nuit éclairée par la lumière de décembre. Lumière qui se reflète sur la peau des eaux froides du Détroit à travers d’épais nuages. Des nuages sombres qui filent à toute allure par-dessus la terre australe laissant entrevoir un ciel bleu noir. La terre est encore éclairée, on distingue nettement le rouge des toits ainsi que le blanc et le bleu des murs des maisons qu’ils abritent. Les rayons du soleil, peu avant minuit — d’où vient-il le soleil sur ces terres ? — peignent d’or les minuscules cailloux de la plage et font briller l’écume des vaguelettes qui viennent les caresser. J’aime les cailloux du Détroit du même amour que celui qu’éprouvait la fillette de cinq ans qui jouait à cet endroit.

samedi 12 mai 2007

ENTERREMOS LA POESÍA

La poesía se murió. El Papa ya se está pudriendo en su tumba. El amor es más fuerte dijo, y la Camila se terminó casando con el príncipe Charles. Hubo que pagar millones de millones por el retraso de un día causado por los funerales vaticanales. La poesía se murió. Llegué de viaje a Chile y no se me remeció el alma como me sucedía antes. Antes, mucho antes, se podía soñar y creer, ahora sólo se cuenta y se descuenta, que mientras comía en el Giratorio del Panorámico, contemplando de una mirada plácida Santiago de arriba a abajo y de ancho a largo, con el vientre repleto de machas a la parmesana, congrio ensalsado y postres de castaña, mi amiga Luisa, que anduvo cesante, y más triste que nunca, con esto que se le murió la madre vieja y enferma, ­pero querida como una santa, estaba feliz de haber encontrado por fin trabajo, ya que el trabajo dignifica. Dignifica no sé a quién, que la Luisa, desde el paradero no sé cuánto de la Gran Avenida, necesita dos horas y media para llegar a su trabajo, Colón arriba; dos horas y media por la mañana -entra a trabajar a las doce - para hacer aseo, y dos horas y media de vuelta, para regresar a pasadas la medianoche - con el vientre casi vacío- a dormir dignamente gracias a los ciento veinte mil pesos que gana al mes, porque es chilena, que a las Peruanas les pagan sólo ochenta y que por eso de la mundialización, y de la libertad de circulación de los nuevos esclavos, quizás la Luisa pierda su trabajo. Tiene cincuenta y ocho años y va a ser bisabuela. Qué hermosura como ama a sus hijas y nietos, qué regalo de la vida tanto cariño, nunca he visto algo igual. La hija le guarda media zanahoria o una papa, para que algo coma. Con el sueldo de un mes, de su digno trabajo, quizás le alcance a Luisa para pagarnos un almuercito de domingo a nosotros cinco, para festejar con mi familia nuestro reencuentro. Lo digo por comparar, que la comida se me atraganta y me indigesta, pero no puedo ofender a mis padres, que son gente buena y honrada; no es pecado haber trabajado seriamente y tener jubilación correcta, la culpa no es de ellos, y quizás tampoco la mía, aunque tan segura no estoy de nada. Tranquilita vivo en mis europas y, aunque quiera, no sé cómo cambiar el mundo y entonces más fácil es no hacer nada, no es dando una limosnita que arreglaré algo, lo sé, ganaré una sonrisa de agradecimiento y qué hipócrita me siento.

Que ya no se puede soñar, porque los sueños de los pobres terminan siempre en pesadillas, con fusiles de generales que se llenan los bolsillos, y como ya no les cabe más, reparten los dineros en cuentas ocultas en bancos de los gringos que los apoyaron en su sucio trabajo. Que ya no se necesita generales, les salen muy caros a las multi(nacionales), y ahora ya no vale la pena, porque igual hacen lo que quieren, el mundo entero les pertenece, amén. Que el Papa quizás era bueno, pero conocí a muchos que amaban al Papa y al General y que tenían, o tienen aún, ambas fotos colgadas en los muros, de uno y otro, los dos santos chilenos de fines del XX y de principios del XXI.

Criminal resulta despertar sueños, pensar en la justicia resulta peor: los que pagan siempre son los mismos, viviendo más y más abajo, mientras los otros comen más y más arriba. Y todo tan natural! Esto no tiene nada que ver con la poesía, pero es que no sé de dónde inventarla, y no sé si la poesía es cosa buena o peligrosa, que quizás sea subversiva, que mejor se quede allí donde está, muerta para siempre.

Santiago, 15 de abril 2005

lundi 23 avril 2007

Le Livre de Carmen, disponible chez Decitre, ou à commander en librairie ou par Internet

PARUTION

Imaginer, oser, s’aventurer, écrire un mot, puis un autre

s’exposer, se livrer, inventer, jouer, se cacher, se dire.


Dire les autres, dire la vie, dire le monde, dire la femme

confondre réalité et désirs, dire le pays, dénoncer, crier,

rire aussi, ne pas s’en priver, ridicule parfois, et alors ?


Naissance d’un livre, fragilité, peur, joie, attente,

parution, s’en séparer.


dimanche 1 avril 2007

"La Tisseuse ..." Critique D' Alfonso Calderón (prix national chilien de littérature en 1998.)

La pelote de fil de l’enfance est, comme les quipos des Incas, un morceau de tissu de la mémoire. Maria London, avec une voix très pure, compose un exercice choral dans lequel entrent tons et demi-tons. Elle veut récupérer l’histoire de sa famille que, sans tarder, elle rapporte au pays d’origine de ses aïeux – croates et russes – qui arrivent à la nouvelle terre, à Punta Arenas, à exalter la rencontre de deux mondes, affinant de main de maître le défi de l’intégration, et néanmoins, sans oublier la patrie absente que la langue implore, sans esquiver les évènements, la démarcation, la réalité d’un lendemain qui était promesse de vie.

L’histoire de cette famille qui ouvre la voie de la relève, de la descendance, attentive au regard des arrière-grands-parents, va permettre à Maria London le retour à une autre recherche viscérale, route d’espoir, pour refonder une liberté perdue. Chaque pas dans le présent est, à sa manière, un brin de ce fil premier, dont le passage d’une main à l’autre, est action parallèle à celle d’Ulysse, qui aspire à récupérer son Ithaque tandis que Pénélope tisse et défait quelque chose qui est aussi lange et linceul. Et un espace où se rejoignent les lignes des descendances. Le fils est toujours, et dans ce cas encore, le père qui revient.

D’allées et venues sont faites toutes les vies. Le regard des autres opère en même temps avec ceux de la dernière génération. Il n’y a pas de bout de fil en l’air. Tout acte est, dans les familles, un processus de fondation constant et rénové. Et au cours du texte, de façon directe, nous pouvons passer de la famille au pays physique et métaphysique. Les vents, les navigations – qui sont des formes de retour – nous obligent à ne pas négliger nos souvenirs. Pour cette raison, remercions la merveille de ce monde du premier jour de la Création. La famille continuera à grandir. La semence surgit à un instant, fixé entre 1885 et 1910, où quelqu’un regarda pour la première fois le Detroit. Le vent mit l’histoire et la poésie, et elle, Maria London, retrace une voie lactée, une branche fleurie, métaphore de ce qui est sien et des siens.

Alfonso Calderón, 25-11-2003.

samedi 31 mars 2007

Frère de vent

Sens-tu cette brise qui nous caresse?

C’est le vent austral qui vient nous consoler.

Sa brise est douce car elle vient de très loin,

elle est épuisée de tant voyager.

Frère de vent ne pleure pas,

il est toujours temps d’espérer.


Perçois-tu cette lumière qui nous réchauffe?

C’est le soleil austral qui vient nous consoler.

Sa lumière est pâle car elle vient de très loin

elle est épuisée de tant éclairer.

Frère de terres lointaines ne pleure pas,

il est toujours temps d’aimer.


Entends-tu cet air qui nous berce?

C’est le chant de notre terre qui vient nous chercher.

Sa voix est légère car elle vient de très loin

et nos frères sont épuisés de tant nous appeler.

Frère d’exil ne pleure pas,

il est toujours temps de rentrer.



Hermano de viento

¿Sientes esta brisa que nos acaricia?

Es el viento austral que nos viene a consolar.

Su brisa es tenue porque viene de muy lejos,

y está cansada de tanto viajar.

Hermano de viento no llores,

aún es tiempo de esperar.




¿Ves la suave luz de este día?

Es el cielo austral que nos viene a consolar.

Su luz es tenue porque viene de muy lejos,

y está cansada de tanto alumbrar.

Hermano de tierras lejanas no llores,

aún es tiempo de amar.


¿Oyes esta música que nos arrulla?

Es la voz de nuestra tierra que nos viene a buscar.

Su canto es tenue porque viene de muy lejos

y nuestros hermanos están cansados de tanto llamar.

Hermano de exilio no llores,

aún es tiempo de regresar.

vendredi 30 mars 2007

Poeta de la utopía

El día en que el hombre deje de explotar al hombre

el día en que el hombre deje de mentir al hombre

el día en que el dolor de uno sea el dolor de todos

el día aquel está lejos de llegar

pero tú, poeta de la bondad

te empecinas en ignorarlo.


El día en que el festín sea para todos

el día en que el baile sea entre todos

el día en que el calor sea igual bajo todos los techos

el día aquel aún no ha llegado

pero tú, poeta de la hermandad

te regocijas de celebrarlo.


El día en que la paz sea por doquier

el día en que todos los niños canten rondas

el día en que el amor sea verdad

el día aquel no sé si llegará

pero tú, poeta de la utopía

te embriagas con soñarlo.

jeudi 29 mars 2007

Poète de l'utopie

Le jour où l'homme aura cessé d'exploiter l'homme

le jour où l'homme aura cessé de mentir à l'homme

le jour où la douleur de l'un sera la douleur de tous

ce jour-là est loin d'arriver

mais toi, poète de la bonté

tu t'obstines à l'ignorer.


Le jour où le festin sera pour tous

le jour où le bal sera entre tous

le jour où la chaleur sera la même dans tous les foyers

ce jour-là n'est pas encore venu

mais toi, poète de la fraternité

tu te réjouis de le fêter.


Le jour où la paix régnera sur la terre entière

le jour où tous les enfants feront des rondes

le jour où l'amour sera vrai

ce jour-là, je ne sais pas s'il arrivera

mais toi, poète de l'utopie,

tu t'enivres à le rêver

vendredi 23 mars 2007

El cuento "El último sueño" y su pintura

Esta pintura de mi querida amiga, recien fallecida, Maritza Godoy, ilustra el cuento que sigue. Conocía el cuadro sólo por fotos recibidas por Internet. En este viaje a Chile pude ver por fin el original.



El último sueño

La mujer de pelo corto y gris se detuvo un largo instante. Algo extraño sucedía dentro de ella desde el día en que había descubierto la pequeña puerta en el desván del tiempo. Era presa de un gran cansancio y adivinó que si no lograba hacer lo que debía, su mal no tendría remedio, su vida sería vana y moriría dentro de poco tiempo.

Fue a visitar a su amiga la curandera, quien le dijo que debía pedir consejo a los cuatro sabios. Pero su amiga la curandera no supo decirle quiénes eran los cuatro sabios. Fue a visitar a su amiga la maga, quien le dijo que debía descubrir los cuatro reinos, pero su amiga la maga no quiso decirle dónde quedaban los cuatros reinos. Fue a visitar a su amigo el bueno, quien le dijo que debía consultar no a cuatro sino a catorce sabios, descubrir cuatro reinos y narrar un cuento eterno. Pero ni una palabra más afloró de sus labios resecos.

No sabiendo qué hacer para dar con los cuatro o catorce sabios, ni para encontrar los cuatro reinos y sabiendo que pronto iba a morir, decidió ir a despedirse de su lejana tierra natal y de todos los suyos. Recorrió con tristeza su amada tierra observándola como nunca antes la había observado y rindiendo visita, que quiso ritual, a cada uno de sus antepasados. Escuchó la historia del bisabuelo que se fugó de las Bocas del Cátaro a los catorce años embarcando en el primer barco que pasó, recorriendo el mundo hasta salvarse milagrosamente de un naufragio y adoptando como nuevo hogar el puerto donde su balsa acostó. Escuchó la historia de la bisabuela emigrante dálmata que debía desposar un desconocido pero que impulsada por un inesperado amor se fugó como una pasionaria montando en el caballo de su flamante amado. Escuchó la historia del confín del mundo que era su tierra y de los seres míticos que la poblaron cuando el universo conocido aún no existía. Escuchó la música del viento austral y los gemidos de los aborígenes sin voz. Escuchó la historia de los antepasados que huyeron de Rusia y pudo entender sus tristezas. Escuchó cómo los descendientes de unos y otros se unieron en nuevos amores y en nuevos dolores. Anotó cuidadosamente en el pequeño cuaderno que llevaba siempre consigo lo que cada cual le narró así como todo lo que ella misma observó y entendió. De regreso de su viaje se recostó pues el cansancio era aún más pesado de llevar y sentía que la muerte estaba harta de esperar.

Al quedarse dormida, la sensación extraña que había tenido ya en otras oportunidades se hizo más intensa que nunca, sentía que su cabeza iba a estallar. No es que le doliera, era otra sensación para la cuál carecía incluso de un nombre. Era como si una gorra de goma, de esas que usan las nadadoras de competición, le apretara la cabeza de manera insoportable, pero no tenía puesta ninguna gorra, era su propio cuero cabelludo y su pelo blanco que le oprimían hasta el alma de una manera imposible de describir, la oprimían desde adentro. Era como si la cabeza fuese un vientre que iba a dar una miríada de seres a luz, seres que pujaban por nacer sin hallar la forma de hacerlo. Llegó el momento en que sucedió lo que tanto temía pero que no había ni de lejos imaginado cómo ocurriría : su cuero cabelludo con su pelo blanco se despegaron de golpe de su cabeza tal un gorro de piel expulsado a lo lejos con fuerza. Estaba de pie. Sintió en ese instante una gran liviandad. Una sensación de placer desconocido la envolvió, su sorpresa y alegría fueron inmensas. Entonces se produjo el inesperado milagro: una cabellera nueva, negra y frondosa, nació de su cabeza y se puso a crecer a una velocidad asombrosa. Los cabellos brillantes y hermosos empezaron a derramarse por sus hombros, a cubrir las ondulaciones de su espalda, de su vientre, de sus nalgas, de su sexo. Siguieron creciendo cubriéndole voluptuosamente todo el cuerpo, rodeando amorosamente sus pies y cubriendo el pasto del jardín donde se encontraba. Sintió de pronto que ella era una fuente de vida, que la fuerza vital simbolizada por sus cabellos emanaba de ella irrigando la tierra entera de flores, de cuentos y de memorias perdidas. Supo entonces que la curandera tenía razón y que los catorce sabios eran los catorce antepasados que había ido a visitar. Supo entonces que la maga tenía razón y que las tierras lejanas de los ancestros y su añorada Patagonia eran los cuatro reinos que conducían a los cuatro puntos cardinales. A medida que las historias se entremezclaban su pelo seguía creciendo e iba cubriendo la tierra toda y el tiempo todo. Y entonces supo que su amigo el bueno también tenía razón, había narrado un cuento eterno. Un sentimiento de gratitud la invadió, había logrado transcribir en su cuaderno el canto de vida que vibraba en ella desde tiempos inmemoriales, su historia no era sólo la suya, ni la de su familia, sino la de todos los seres, de todas las razas, de todos los tiempos y de todos los reinos.

Al día siguiente su familia encontró el cuaderno abierto al lado de su cuerpo inerte. Una sonrisa le iluminaba el rostro y una larga cabellera negra cubría el lecho.

Grenoble, octubre 2002


Le conte "Le dernier rêve" et sa peinture

Le tableau ci-joint, illustrant le conte qui suit, a été peint par mon amie Maritza Godoy, qui vient de nous quitter. Je suis de voyage au Chili et j'ai pu enfin voir l'original.

Le dernier rêve


La femme, aux cheveux blancs et courts, s’arrêta un instant. Tout était étrange pour elle depuis le jour où elle avait découvert la petite porte du grenier du temps. Elle était en proie à une grande fatigue et pressentit que si elle ne réussissait pas à réaliser ce qu’il fallait, son mal ne guérirait jamais, sa vie serait vaine et elle mourrait bientôt.

Elle alla rendre visite à son amie la guérisseuse qui lui dit qu’elle devait demander conseil auprès de quatre sages. Mais son amie la guérisseuse ne sut pas lui dire qui étaient les quatre sages. Elle alla rendre visite à son amie la magicienne, qui lui dit qu’elle devait découvrir les quatre royaumes, mais son amie la magicienne ne voulut pas lui dire où se trouvaient les quatre royaumes. Elle alla rendre visite à son ami le bienveillant, qui lui dit qu’elle devait demander conseil auprès non pas de quatre mais de quatorze sages, découvrir les quatre royaumes et raconter un conte éternel. Mais pas un mot de plus ne jaillit de ses lèvres desséchées.

Ne sachant comment se rendre auprès de quatre ou quatorze sages, ni comment découvrir les quatre royaumes mais consciente de sa mort imminente, elle décida de partir dire adieu à sa lointaine terre natale et à tous les siens. Elle parcourut avec tristesse sa terre bien-aimée, la regardant comme jamais elle ne l’avait regardée ; puis elle alla rendre une visite, qu’elle voulut rituelle, à chacun de ses ancêtres. Elle entendit l’histoire de l’arrière-grand-père qui s’était enfui à l’âge de quatorze ans des Bouches du Kotor en embarquant dans le premier bateau qui passait pour parcourir le monde et qui, échappant miraculeusement à un naufrage, adopta comme nouvelle terre celle où son radeau échoua. Elle entendit l’histoire de l’arrière-grand-mère, émigrante dalmate, qui devait épouser un inconnu mais qui, écoutant l’appel de l’amour, s’était enfuie en croupe sur le cheval de son bien-aimé. Elle entendit l’histoire du bout du monde, qui était sa terre, et des êtres mythiques qui la peuplèrent avant-même que l’univers connu ne soit créé. Elle entendit dans la musique du vent austral les gémissements des aborigènes sans voix. Elle entendit l’histoire de ses ancêtres qui s’enfuirent de la Russie et connut leur tristesse. Elle apprit comment les descendants des uns et des autres s’étaient unis, donnant lieu à de nouveaux amours et à de nouveaux chagrins. Elle prit soin d’écrire dans le petit cahier, qu’elle portait toujours sur elle, ce que chacun lui avait raconté ainsi que ce qu’elle avait elle-même observé et compris. De retour à la maison, elle se coucha car la fatigue se faisait plus lourde que jamais et sentait que la mort était lasse d’attendre.

Lorsqu’elle s’endormit, l’étrange sensation qu’elle avait déjà éprouvée une ou deux fois auparavant se fit plus présente que jamais. Elle sentait que sa tête allait exploser. Non pas qu’elle eût mal, non, c’était une autre sensation sur laquelle elle n’arrivait même pas à mettre un nom. C’était comme si un bonnet de bain, de ceux qu’utilisent les nageuses de compétition, lui serrait la tête d’une manière insupportable. Mais elle ne portait aucun bonnet, c’était son propre cuir chevelu et ses cheveux blancs qui l’oppressaient jusqu’à l’indicible, d’une manière indescriptible, depuis l’intérieur. C’était comme si sa tête était un ventre qui allait mettre une myriade d’êtres au monde, des êtres qui poussaient pour naître sans trouver la façon d’y parvenir. Arriva l’instant où survint ce qu’elle craignait tant mais sans qu’elle ait pu imaginer la manière dont cela pouvait se produire : son cuir chevelu et ses cheveux blancs se décollèrent d’un coup de sa tête et, comme s’il s’agissait d’un bonnet de fourrure, ils furent éjectés au loin avec force. Elle était debout et éprouva à cet instant une étonnante légèreté. Une sensation de plaisir inconnu l’enveloppa ; sa surprise et sa joie furent immenses. C’est alors que survint le miracle inattendu : une nouvelle chevelure, noire et abondante, naquit de sa tête et se mit à pousser à une vitesse surprenante. Les nouveaux cheveux, beaux et soyeux, commencèrent à se répandre sur ses épaules, à couvrir les ondulations de son dos, de son ventre, de ses fesses, de son sexe. Les cheveux continuèrent à pousser, lui couvrant voluptueusement le corps entier, entourant amoureusement ses pieds et recouvrant l’herbe du jardin où elle se trouvait. Elle réalisa alors qu’elle était une source de vie, que la force vitale symbolisée par ses cheveux émanait d’elle en irriguant la terre entière de fleurs, de contes et de mémoires enfouies. Elle sut alors que la guérisseuse avait eu raison et que les quatorze sages étaient les ancêtres qu’elle était allée visiter. Elle sut alors que la magicienne avait eu raison et que les terres lointaines de ses ancêtres et sa regrettée Patagonie étaient les quatre royaumes car ils conduisaient aux quatre points cardinaux. Au fur et mesure que les histoires s’entremêlaient, ses cheveux continuaient à pousser en recouvrant la Terre entière et tous les temps. C’est alors qu’elle comprit que son ami le bienveillant avait aussi eu raison et qu’elle avait écrit un conte éternel. Un sentiment de gratitude infinie l’envahit : elle avait réussi à transcrire dans son petit cahier le chant de vie qui vibrait en elle depuis des temps immémoriaux, son histoire n’était pas seulement la sienne, ni celle de sa famille, mais celle de tous les êtres, de toutes les races, de tous les temps et de tous les royaumes.

Le lendemain, sa famille trouva le cahier ouvert auprès de son corps inerte. Un sourire éclairait son visage et de longs cheveux noirs recouvraient le lit.


Grenoble, octobre 2002

lundi 5 février 2007

De Catherine, une lectrice "apaïste"

(apaïste = de l'Association pour l'Autobiographie)

Réaction à la lecture du Fil du Milieu d’une lectrice rencontrée lors des journées de l’Association pour l’Autobiographie tenues à Ambérieu-en-Bugey , en mai 2002.


Chère Maribel,


Chère amie,

Je pense que vous n'avez pas du recevoir le mail que je vous ai envoyé –de mon bureau- jeudi dernier et j'en suis désolée. J'étais en cours de lecture de votre texte et je viens seulement de le terminer (j'ai du à mon retour d'Ambérieu, donner la priorité à un travail personnel d'écriture et j'ai donc attendu une semaine pour commencer la lecture du "Fil du Milieu") et je crois que j'ai fait durer le plaisir. Votre texte m'a complètement embarquée et je ne vous ai pas quittée depuis que j'ai commencé à vous lire.

Je veux vous remercier du fond du cœur pour le cadeau de cette lecture. Je vous avoue que je ne m'attendais pas à une aventure aussi passionnante -mais lorsque je vous ai entendu parler de ce travail j'en ai eu une grande curiosité- moi aussi j'aurais aimé en parler avec vous, ce n'est pas rien de confier un texte aussi personnel à quelqu'un que l'on ne connaît pas.

Mais il est temps maintenant de le faire - et j'ai failli plusieurs fois aujourd'hui décrocher le téléphone pour vous parler de vive voix. Vous remercier pour le bonheur de lire un si beau récit . Je ne peux pas vous en dire plus immédiatement faute de disponibilité mais je voulais tout de suite vous rassurer, vous remercier et vous dire que je reprends contact demain...et que la lecture de votre texte m'a beaucoup impressionnée. Impossible de vous oublier !

Avec gratitude et amitié

Catherine

Finalement je peux continuer a vous parler maintenant. Vous dire, un peu dans le désordre, ce qui m'a particulièrement marquée dans le Fil du Milieu.

D'abord la manière dont vous vous êtes totalement immergée dans la recherche de votre histoire familiale. J'ai trouvé très palpitant de vous suivre pas à pas dans la découverte progressive des indices et des informations ainsi que d'assister à l'arrivée en scène de chacun des vos "relais d'information" qui deviennent vite bien plus que cela, des personnes qui ont une place déterminée dans cette saga familiale. Il est d'ailleurs remarquable que leur nom donne l'intitulé des chapitres du livre, et que chaque rencontre apparaisse comme une histoire dans l'histoire, à la manière des contes orientaux (il m'est arrivé de penser à la Conférence des Oiseaux d'Attar).

Quête des origines qui se transforme donc peu à peu en quête initiatique, et l'abondance des "signes du destin" (synchroncités étonnantes, troublantes même pour un esprit rationnel) pourrait donner un côté romanesque à ce livre, mais j'avoue que pour ma part j'ai été très sensible à ce tissage de paroles de femmes à la recherche du secret- qui dans la plus grande partie du livre semble être attaché au naufrage d'Elias, et qui se révèle, au delà de cet évènement fondateur, encore plus profond puisqu'il concerne le manque originel, la mère perdue et l'amour qui a manqué.

Vous avez su conduire le récit de telle sorte que le lecteur ne puisse vous lâcher en route- on va de rebondissement en rebondissement jusqu'au bout du texte. Mais j'ai aussi beaucoup apprécié la qualité des êtres qui sont sur votre chemin, et la qualité des relations que vous avez su nouer avec chacun d'entre eux...

C'est un récit foisonnant- bonne idée d'avoir fait un tableau généalogique et un récapitulatif des positions familiales de chacun- qui est aussi un beau travail sur l'exil- et j'ai bien sur été touchée par ce que vous dites à la fin de votre texte sur votre propre nostalgie. Il y a toujours un autre pays, n'est-ce pas ? C'est aussi un document historique extrêmement éclairant sur les mouvements de migrations vers l'Amérique.

Enfin, et c'est peut-être là le plus important, c'est une quête de soi-même (et pas seulement identitaire) un véritable travail de reconnaissance – et toute la question des noms me semble centrale - en particulier le fait que vous ayez pris le pseudonyme de Maria London (ou repris votre nom d'origine ?).

Je ne sais pas si mon tout premier mail vous est finalement parvenu- je vous disais que j'aimerais beaucoup pouvoir faire lire ce récit à des amis qui s'intéressent au travail intergénérationnel (central évidemment pour vous )- et vous demandais la permission de faire une copie de ce texte. Mais sachant que vous souhaitez le faire éditer, il n'est peut être pas souhaitable que ce texte circule et je comprendrais tout à fait que vous ayez ce point de vue. A la limite, je vous y encourage et en même temps j'aimerais vraiment que d'autres personnes de mes connaissances puissent le lire !

Merci encore Maribel. Ce que je dois encore vous dire c'est que vous lire m'a fait du bien et m'a permis de reconsidérer ma propre histoire familiale sous un autre jour. J'aimerais reparler de tout cela avec vous de vive voix. En tous cas vous connaître a travers ce récit a été pour moi une très belle rencontre.

Catherine


dimanche 14 janvier 2007

Troisième étage, première porte à droite

L’arbre taillé et dénudé, que je vois à travers la vitre de la salle où se tient notre atelier d’écriture, est magnifique. Il attire mon regard sur son tronc multiple, inondé de soleil dans sa partie la plus haute. Le ciel est d’un bleu limpide. J’ai du mal à forcer mon esprit à s’engouffrer dans une porte inconnue, la première à droite d’un troisième étage de je ne sais où. Dans mes rêves, les portes sont plutôt en face, au fond d’un couloir, jamais à droite. Cette porte ne correspond à rien. Pourquoi un troisième étage ? Enfant, je vivais au cinquième étage. Au troisième, il y avait des bureaux et je ne me souviens pas d’y être allée. Troisième étage, première porte à droite. Ça pourrait être le cabinet d’un médecin. Mais non, les médecins sont au premier ou au deuxième, je n’en ai jamais vu un au troisième. Une chambre d’hôtel. Oui. Là, ce serait jouable. Non pas d’un hôtel de luxe, ni d’un agréable lieu de vacances, mais une chambre prise pour un séjour très court à Paris, juste pour une nuit. Les couloirs seraient étroits, la chambre exiguë. Ça se tient, mais ça ne me fait pas rêver. Mon regard se tourne à nouveau vers la fenêtre pour contempler le haut de branches taillées de cet arbre chargé de promesses. Le sol est gelé, à l’ombre, mais en haut les branches sont dorées. Revenons à l’hôtel. Une histoire s’y déroule. Est-ce une histoire extraordinaire ou une histoire banale ? Est-ce possible de raconter une histoire où il ne se passe rien ? L’homme est seul. Des affaires à lui sont sur son lit et une lettre est ouverte sur la table. Il est monté à Paris parce qu’il avait une bonne raison, en relation avec cette lettre. Le panneau de stop, rouge et blanc, brille au soleil. Décidément, il fait beau dehors et la chambre est trop grise pour me laisser aller par cette porte. J’ai peur de tomber dans le sordide. L’homme pourrait se suicider et l’histoire serait terminée. Il faut lui trouver une histoire. Une histoire qui vaille la peine d’être racontée, comme un rendez-vous avec une femme. Je pense un instant à la chanson de Piaf des amants d’un jour, mais la chambre, qui donne sur une minuscule cour intérieure, ne sera jamais inondée de soleil et ne conviendrait donc pas à ces amants-là. Ce n’est pas un homme d’affaires, il est trop anxieux. Il lit la lettre pour s’en convaincre. Il est monté à Paris, car il doit rencontrer l’éditeur qui a accepté enfin de publier ses livres. L’homme est nerveux mais dans l’attente et l’espoir. L’homme pourrait être une femme. Et pourquoi pas moi?

à Eybens, 8 janvier 2005

dimanche 7 janvier 2007

El Desierto de Atacama

Una parte de mi ser se quedó prendida a sus rocas ancestrales, a sus piedras inmóviles desde hace millones de años, a sus fragmentos de meteoritos que, desde el lejano día de su caída, contemplan el firmamento límpido de uno de los cielos más puros de la tierra.

El desierto de Atacama, en el Norte Grande de Chile, se impone al viajero cuando deja la triste ciudad costera de Chañaral y toma la Panamericana rumbo al Norte. Al terminar la subida de la Cordillera de la Costa, el viajero descubre el comienzo de la inmensidad. A diferencia de los desiertos de arena, donde todo es susceptible de cambiar según el capricho de los vientos, en Atacama es la grandeza inalterable del paisaje que provoca la admiración e invita al recogimiento. La mirada puede detenerse en una colina cercana o bien perderse en el lejano horizonte donde reinan las inalcanzables cumbres nevadas de los Andes. Por momentos admiramos con asombro interminables planicies cubiertas de piedras extrañas, de tamaños y aspectos diferentes, venidas de ninguna parte, expuestas allí, eternas. El suelo es firme, seco, sin el más mínimo asomo vegetal. Ninguna vida orgánica perturba el silencio y la inmovilidad. De día, el paisaje se viste de tonos ocres, variando entre matices rosados, amarillentos y azulados, y de los tonos blanquecinos de sus salares, incomparables éstos en extensión y sequedad. Es una belleza mineral, inspirada por los elementos primarios. De noche, el desierto inmóvil toma vida cósmica y se deja admirar por el cielo estrellado y amar por la luna, cuando viene a descansar en tan bella inmensidad.

Nunca he permanecido una noche en el desierto, pero mi espíritu lo hace con frecuencia. En medio de la más infinita soledad, encuentra la eternidad. Renace ante la idea de ser una piedra entre las piedras, ante la idea de ser, simplemente. De estar allí, por la eternidad, expuesto a la mirada de las estrellas, más allá del deseo, más allá de la vida y de la muerte.

samedi 6 janvier 2007

Le désert d'Atacama

Une partie de mon être est restée accrochée à ses pierres ancestrales, à ses cailloux qui n'ont pas bougé depuis des millions d'années, à ses morceaux de météorites qui regardent, depuis le jour de leur chute, le firmament limpide de l'un des cieux les plus purs du monde.

Le désert d'Atacama, au Nord du Chili, s'impose au voyageur lorsqu'il quitte la triste ville côtière de Chañaral et qu'il emprunte la route panaméricaine vers le nord. Dès qu'il finit les lacets qui montent la Cordillère de la Côte, il découvre le début de l'immensité.

A l'inverse des déserts de sable, où tout semble pouvoir changer selon les caprices des vents qui déplacent les dunes et modifient les formes, ici, c'est ce coté immuable qui force à l'admiration, sinon au recueillement. Le regard peut se poser sur une colline proche ou bien se perdre dans l'horizon lointain, là où règnent les inaccessibles cimes enneigées des Andes. Par moments, nous admirons, étonnés, d'immenses étendues couvertes de pierres de toutes tailles, pierres venues de nulle part, étalées là, éternelles. Le sol est ferme, sec, sans un brin d'herbe. Aucune vie organique ne vient perturber le silence et l'immobilité.

Le jour, le paysage se vêt de tons ocre, allant des roses aux jaunes, ainsi que du ton blanchâtre de ses lacs salés, incomparables en étendue et aridité. C'est une beauté minérale, inspirée par les éléments primaires. La nuit, le désert immobile s'élève jusqu'au cosmos pour se laisser admirer par le ciel étoilé et être aimé par la lune lorsqu'elle vient se reposer dans une si belle immensité.

Je n'ai jamais passé une nuit au milieu du désert, mais mon esprit le fait souvent pour moi. Au milieu de toute cette aridité, il trouve l'éternité. Il se ressource à l'idée d'être un caillou parmi les autres, à l'idée d'être, simplement. D'être là, pour l'éternité exposé au regard des étoiles, au-delà du désir, au-delà de la vie et de la mort.