à Eybens, 8 janvier 2005
dimanche 14 janvier 2007
Troisième étage, première porte à droite
L’arbre taillé et dénudé, que je vois à travers la vitre de la salle où se tient notre atelier d’écriture, est magnifique. Il attire mon regard sur son tronc multiple, inondé de soleil dans sa partie la plus haute. Le ciel est d’un bleu limpide. J’ai du mal à forcer mon esprit à s’engouffrer dans une porte inconnue, la première à droite d’un troisième étage de je ne sais où. Dans mes rêves, les portes sont plutôt en face, au fond d’un couloir, jamais à droite. Cette porte ne correspond à rien. Pourquoi un troisième étage ? Enfant, je vivais au cinquième étage. Au troisième, il y avait des bureaux et je ne me souviens pas d’y être allée. Troisième étage, première porte à droite. Ça pourrait être le cabinet d’un médecin. Mais non, les médecins sont au premier ou au deuxième, je n’en ai jamais vu un au troisième. Une chambre d’hôtel. Oui. Là, ce serait jouable. Non pas d’un hôtel de luxe, ni d’un agréable lieu de vacances, mais une chambre prise pour un séjour très court à Paris, juste pour une nuit. Les couloirs seraient étroits, la chambre exiguë. Ça se tient, mais ça ne me fait pas rêver. Mon regard se tourne à nouveau vers la fenêtre pour contempler le haut de branches taillées de cet arbre chargé de promesses. Le sol est gelé, à l’ombre, mais en haut les branches sont dorées. Revenons à l’hôtel. Une histoire s’y déroule. Est-ce une histoire extraordinaire ou une histoire banale ? Est-ce possible de raconter une histoire où il ne se passe rien ? L’homme est seul. Des affaires à lui sont sur son lit et une lettre est ouverte sur la table. Il est monté à Paris parce qu’il avait une bonne raison, en relation avec cette lettre. Le panneau de stop, rouge et blanc, brille au soleil. Décidément, il fait beau dehors et la chambre est trop grise pour me laisser aller par cette porte. J’ai peur de tomber dans le sordide. L’homme pourrait se suicider et l’histoire serait terminée. Il faut lui trouver une histoire. Une histoire qui vaille la peine d’être racontée, comme un rendez-vous avec une femme. Je pense un instant à la chanson de Piaf des amants d’un jour, mais la chambre, qui donne sur une minuscule cour intérieure, ne sera jamais inondée de soleil et ne conviendrait donc pas à ces amants-là. Ce n’est pas un homme d’affaires, il est trop anxieux. Il lit la lettre pour s’en convaincre. Il est monté à Paris, car il doit rencontrer l’éditeur qui a accepté enfin de publier ses livres. L’homme est nerveux mais dans l’attente et l’espoir. L’homme pourrait être une femme. Et pourquoi pas moi?
à Eybens, 8 janvier 2005
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire