Un abrazo a todos los hermanos americanos que comparten la emoción de este instante.
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Auteure/Escritora: Tisseuse de mémoires de la Patagonie aux Balkans (récit)/ El Hilo del Medio (narrativa) Le livre de Carmen (roman)/ El Libro de Carmen (novela)/ Cuatro entraron al paraíso (narrativa)/ Le rêve et la chute (Récit)/ Piedras Blancas (novela)/ Los Cuervos de Piedras Blancas(teatro)/ Isabel, fille du vent(théâtre)/ Isabel, Hija del viento (teatro).
Que el idioma desconocido no te amedrente. Bajando por la columna de la izquierda, después de mis libros y antes de otras rúbricas, se pueden leer textos míos. Algunos están en castellano, otros en francés, otros en ambos idiomas.
N’ayez pas peur de la langue inconnue. En descendant par la colonne de gauche, après mes livres, après les critiques, et avant d'autres rubriques, il y a des textes que j'aime partager. Ils sont tantôt en français, tantôt en espagnol, tantôt dans les deux langues. Je ne sais pas faire autrement.
«Un salto en el vacío
Tinieblas del pasado
Escritura peligro
Renacer del Fénix»
(Comparto mi alegría con quien pueda entender).
20 de enero de 2008
J'ai écrit cet article en février 2008. Il a ému de nombreux français aimant le Désert d'Atacama. Puis, il a été publié en espagnol, dans El Clarin Digital: "La mancha : Dakar, Argentina, Chile". Mais au Chili, comme en Argentine, sauf une poignée d'écologistes, tout le monde est ravi que ce grand événement se passe sur place.
Le silence ancestral sera interrompu. Des pierres, immobiles depuis des millions d’années, seront déplacées. Le ciel le plus pur de la terre ne le sera plus. Atacama, la grande, tu seras violentée. Honte à nous !
Voilà ma première pensée, horrifiée, à l’idée du rallye Dakar au désert d’Atacama. *
Je crains qu’à l’instar de ce qui s’est passé lors de l’avancée des armées de Pizarro, Almagro ou Valdivia, rien ne soit épargné au passage du rallye. Au lieu des chevaux, des moteurs vrombissants, au lieu des épées, des caméras de télévision et des caravanes publicitaires. Derrière eux, la désolation et ce regard souvent imbu d’ignorance et de supériorité posé sur les habitants des contrées lointaines par les nouveaux conquérants.
Esaü vendit son droit d’aînesse à Jacob contre un plat de lentilles. Esaü était très gourmand. Ici c’est pareil, ce n’est pas le besoin mais bien la gourmandise qui a décidé de cette affaire. On dira, comme toujours, que c’est dans l’intérêt des affamés, mais ne soyons pas naïfs. Lorsque les millions coulent, les miettes tombent, mais ce n’est pas pour ces quelques misérables miettes que le Chili et l’Argentine se sont précipités, avec une hâte défiant l’imagination, pour proposer leurs paysages majestueux aux organisateurs du rallye. Personne n’a eu le temps de s’interroger sur les conséquences écologiques, humaines, économiques même, que tout était déjà décidé, signé.
A qui profite le crime ? Était-ce un crime à ne pas commettre ou une chance à saisir de toute urgence? Les amateurs du sport de tous bords exultent. Il y en a qui disent que ce sera une formidable promotion pour le tourisme, mais j’ai le sentiment que faire ce rallye dans des sanctuaires de la nature va souiller à jamais l’image captivante que le monde a aujourd’hui de ces endroits. L’effet contraire à celui espéré pourrait se produire. Ceci, sans parler des dommages causés à l’environnement et que personne n’aura ensuite les moyens de réparer. Au Chili, on n’a pas la tradition de défendre l’écologie, ceux qui s’y attèlent ont bien du mal, je ne sais pas si c’est mieux en Argentine. Et ce n’est pas en leur apportant le cadeau polluant de ce rallye que
Grenoble, le 19 février 2008
Cet article devrait paraître dans le numéro de mars 2008 du bimensuel Espaces Latinos
Il existe une pétition pour la suppression du Rallye Dakar créé par, Thomas Poussard, bloguer et journaliste français résidant au Chili.
Por suerte esta persona se equivoca. La prueba es que “El Libro de Carmen” encontró sus hadas madrinas en Chile. Personas que sabiendo que un libro no es negocio, menos aún un libro como el mío, que va en el sentido contrario de la corriente actual, lo adoptaron, me adoptaron y han hecho que esta publicación sea posible. Me refiero a Maria Eugenia Lorenzini, de la editorial Forja, a quien va todo mi agradecimiento, y a Paloma Morales que hizo uso de todo su arte y cariño para el diseño de la hermosa tapa de la versión chilena del libro.
El libro se encuentra en las librerías:
Antártica Alto Las Condes, Antártica Parque Arauco, Antártica Patio Centro, Antártica Vespucio (Mall de
Il n'y a pas que les Islamistes qui triomphent dans la décision, prise fin mai 2008 par la justice française, annulant un mariage au motif que l'épouse, de religion musulmane comme son mari, avait menti sur sa virginité.
Triomphent aussi tous les intégristes soient-ils catholiques, opus déistes, créationnistes, juifs orthodoxes ou autres, car sans eux, jamais une décision de justice comme celle-ci n’aurait été prise en France. Triomphent donc tous les anti pilule, anti avortement, anti libertés et anti égalité qui voient la femme comme un être inférieur et à l’origine du péché des hommes. Triomphent encore tous ceux qui assimilent la jouissance féminine au Mal et qui ayant peur de
La virginité et la misogynie sont justement deux thèmes abordés dans Le livre de Carmen. Voici un extrait:
"Un jour, Carmen finit par se décider et, en prenant son courage à deux mains, alla consulter un spécialiste pour demander une contraception. Le médecin, au lieu de répondre à sa demande, lui assena un discours moralisateur sur les vertus de la virginité et lui conseilla de réfléchir encore. Elle en fut déboussolée : il se prenait pour le bon Dieu ! Elle était sûre que s’il y avait un Dieu, il aurait été le premier à bénir ce qu’elle ressentait. Elle se trouva démunie."
Et en voici un autre:
"Elle lui dit qu’elle ne voulait pas de ça, que jamais elle n’avait franchi ce pas. Il lui dit que la virginité, à son âge, était plutôt à plaindre. Elle dit que non, il dit qu’il allait seulement la regarder, la caresser. Elle disait que non, mais son corps ne lui appartenait plus. Avait-il mis quelque chose dans le breuvage qu’il lui avait si chaleureusement servi ? Était-ce l’effet du thé ou celui de la gifle du père ? L’homme lui dit de ne rien craindre et elle, qui se méfiait toujours de tout, les yeux pleins de larmes, ne sut s’en défendre. L’homme prit le fruit qu’André avait su faire mûrir. L’homme prit son plaisir d’homme sans qu’elle parvienne à réagir.
Elle sortit de sa torpeur et réalisa que le monde avait fini de tomber. Elle se rhabilla. L’homme lui dit que c’était sa faute à elle d’avoir été une proie aussi facile. Il lui dit que c’était son désir à elle qui l’avait poussé, lui, à agir ainsi. Il lui dit, avec mépris, qu’il lui avait rendu service en la débarrassant de sa tare."
(Chronique à paraître dans le numéro d'été du magazine Espaces Latinos )
Luzmila Carpio est une femme Quechua-Aymara qui, dans sa jeunesse, comme beaucoup d’indiennes, dut quitter son village pour un travail de bonne. C’est grâce à une voix exceptionnelle qu’elle put échapper au sort auquel elle semblait destinée. Evo Morales eut l’idée de la nommer ambassadrice de Bolivie en France, où elle était connue par son chant, et c’est en cette qualité qu’en mars dernier, elle a participé à une table ronde pour la journée de la femme à Saint-Martin-d’Hères. L’assistance fût impressionnée par cette ambassadrice, dont la présence éblouissante, le port distingué et le discours exemplaire imposaient le respect. [1]
En l’écoutant parler et en la regardant, je ne pus m’empêcher de me poser de nombreuses questions. Je trouvais incroyable, en tant que latino-américaine, d’avoir dû attendre si longtemps pour éprouver à ce point de l’admiration pour une indienne. Tout à coup, je me rappelais une indienne avec laquelle j’avais discuté lors d’un voyage au nord du Chili et qui m’avait fait part de ses efforts pour surmonter la honte que lui inspiraient ses traits indiens. Je songeais aussi à une amie chilienne très typée et qui avait appris de la bouche de sa propre mère qu’elles étaient très laides. Cette amie, lorsqu’elle est venue vivre en France, découvrit avec étonnement qu’elle pouvait plaire, et même beaucoup, et que la laideur qu’on lui attribuait relevait du racisme le plus basique. Mercredi dernier, j’ai assisté à une rencontre à Grenoble où trois femmes mapuche étaient invitées à parler de leur association : Relmu Witral. Composée d’une centaine de femmes lavkenche, appartenant à diverses communautés indigènes de la région de Tirua, elle les aide à retrouver leurs savoirs ancestraux et à promouvoir leurs tissages. L’une de ces femmes évoqua également sa honte passée d’avoir à exposer sa laideur supposée.
La honte détruit. Cette notion de laideur honteuse associée aux traits indiens est tellement ancrée parfois, que personne ne songe à y voir un quelconque racisme. Dans certains pays, tout le monde est persuadé, y compris dans des milieux fortement métissés, que la beauté a la peau blanche et des traits européens. Le déni de ce racisme, pourtant omniprésent, est parfois ahurissant. Et le déni appelle la révolte. Le Chili se dit fier du courage de ses ancêtres indiens, les seuls dans tout le continent à avoir su résister à l’envahisseur espagnol, assure brillamment la promotion de l’artisanat mapuche, mais, en même temps, ignore sinon méprise la spécificité mapuche, nie à ses représentants actuels la faculté de revendiquer et s’enfonce dans un aveuglement de plus en plus explosif.
Les Mapuche dans leur ensemble, qu’ils soient sur leurs terres, dans des chambres de bonne ou sur les chantiers de la nouvelle économie retrouvent aujourd’hui leur propre esthétique, leur propre respect. Que les autres Chiliens ouvrent les yeux et les respectent aussi !
Maria London, Grenoble 20 avril 2008
[1] Le Petit Robert donne la définition suivante du mot respect : « Sentiment qui porte à accorder à qqn une considération admirative, en raison de la valeur qu'on lui reconnaît, et à se conduire envers lui avec réserve et retenue. »