La traducción de esta entrevista se puede leer en el sitio de
Letras de Chile,
y de manera parcial, en el sitio de la
Sociedad de Escritores de Chile.
Cet article, qui correspond à des échanges avec Marián Semilla-Durán à propos de
Piedras Blancas, peut être lu dans les pages 11 à 14 du numéro 293 de la revue
Espaces Latinos de septembre-novembre 2017.
Marián Semilla-Durán commence l'article par le texte suivante:
"Piedras Blancas est, selon la dénomination
classique qui apparaît sur la couverture, un roman (novela), c'est-à-dire, une œuvre de fiction. Oui. Mais nous
voudrions dire que Piedras Blancas
est beaucoup plus que cela : c’est un défi radical, un pari insensé, un
coup en pleine poitrine. María London fait résonner dans ce titre (Pierres
blanches) le nom d’un lieu réel, Tejas verdes (Tuiles vertes), l’un des
nombreux centres de torture qui fonctionnèrent pendant la dictature (1973-1990) d’Augusto Pinochet. Le témoignage
d’un prisonnier survivant, l’écrivain et poète Hernán Valdés, décrit de
l’intérieur cet enfer dans l’un des textes le plus bouleversants de la
littérature chilienne contemporaine :
Tejas Verdes. Diario de un campo de concentración en Chile.
María London n’est pas un témoin direct. Son corps n’a pas été torturé mais elle a souffert, comme tant
d’autres Chiliens, dans sa conscience et son identité, cette tragédie nationale. Elle abordait
déjà le sujet
dans son premier roman :
Le livre de Carmen ;
elle y revient avec un texte étrange et sans concessions,
où des narrateurs
multiples sondent les profondeurs du
mal, en adoptant souvent le regard des
tortionnaires, dans une tentative obstinée de dévoiler leurs motivations, de rendre intelligible ce qui est, pour la plupart
d’entre nous, impensable. Ce n’est pas la première fois qu’un écrivain choisit cette perspective, avec plus ou moins de
bonheur. Cela a été fait dans la littérature se référant à la Seconde Guerre mondiale (Jonathan Littell, Les Bienveillantes), et
aussi dans certains textes de la littérature argentine (Luis Gusmán, Villa) mais c’est la première fois qu’on explore ce territoire dans la littérature chilienne. Et María London le fait d’une manière particulière, presque expérimentale, en combinant
des perspectives diverses, des
personnes narratives, des voix appartenant aussi bien
aux victimes qu’aux tortionnaires, qui donnent
lieu à une construction
polyphonique et multiforme où l’écriture, à partir de faits réels, construit des histoires, fictionnalise
des témoignages, convoque des pensées, des paroles, des
mémoires, dans le but de dresser une sorte de répertoire de l’horreur et de la manipulation. Parce ce qu’il ne s’agit pas
seulement de reconstruire un
pan d’histoire, mais aussi – et surtout – d’exposer les mécanismes cachés qui la rendent possible, les constructions discursives qui justifient l’injustifiable, les pouvoirs factuels
qui sont derrière les pouvoirs visibles. D’établir, en somme, les vraies responsabilités...."
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