Français? ¿Español?

Que el idioma desconocido no te amedrente. Bajando por la columna de la izquierda, después de mis libros y antes de otras rúbricas, se pueden leer textos míos. Algunos están en castellano, otros en francés, otros en ambos idiomas.

N’ayez pas peur de la langue inconnue. En descendant par la colonne de gauche, après mes livres, après les critiques, et avant d'autres rubriques, il y a des textes que j'aime partager. Ils sont tantôt en français, tantôt en espagnol, tantôt dans les deux langues. Je ne sais pas faire autrement.

samedi 20 juin 2020

Lettre à mes proches et à mes amis des quartiers aisés de Santiago.


Lettre à mes proches et à mes amis des quartiers aisés de Santiago.
(Au temps du Covid-19)


Ne voyez-vous pas les souffrances indicibles dans lesquelles le pays est plongé ? Comment autant d’aveuglement est-il possible ? N’êtes-vous pas au courant des centaines ou des milliers de soupes populaires et solidaires qui sont organisées par les habitants des quartiers défavorisés de tout le pays pour ne pas mourir de faim ? Sommes-nous responsables ?

Ne vous rendez-vous pas compte que  notre milieu ne constitue qu’une petite minorité, très petite et très privilégiée ? Minorité qui, ayant vécu entre soi pendant si longtemps, pensait, comme le Président Piñera l’a exprimé le 8 octobre 2019, que le pays était une oasis de paix et de prospérité au milieu de la tempête latino-américaine. Minorité qui n'a pas la moindre idée des difficultés, chaque jour plus importantes, rencontrées par un grand nombre de Chiliens, difficultés qui ont provoqué l'énorme explosion sociale du 18 octobre et qui sont exacerbées à un point indescriptible par la présente pandémie. Minorité qui est convaincue d'avoir le droit et la capacité de décider pour tous les citoyens. Minorité qui –à quelques exceptions près au lieu d'utiliser ses connaissances et ses qualités pour le bien de la société toute entière, de manière responsable, appliquée et honnête, les utilise dans son propre intérêt. Minorité qui, fidèle au modèle néolibéral, sacrifie l'éducation, la santé et la justice sociale des plus modestes sur l’autel du profit et qui traite ensuite les gens du peuple d’ignorants, de peu civilisés, de grossiers, voire de racaille. Minorité qui se considère comme une classe supérieure, pour ne pas dire une race supérieure, qui méprise les immigrants pauvres péruviens, boliviens, haïtiens, colombiens, vénézuéliens ou autres, qui méprise et criminalise ses peuples autochtones, en particulier le peuple Mapuche, avec un déni historique honteux. Minorité qui opprime systématiquement tous ceux qui se battent pour leurs droits, comme ces manifestants de l’explosion sociale d’octobre avec ses centaines d’éborgnés, ses deux mille jeunes en détention préventive sans procès, sans raison, avec une violence comparable, voire pire, que celle du récent meurtre épouvantable de George Floyd aux États-Unis, meurtre qui a suscité une vague d'indignation universelle contre toute forme de racisme. Minorité riche et protégée par une constitution imposée par la dictature criminelle, qui autorise le pillage de toutes les richesses du pays, y compris l'eau, au profit de quelques entreprises privées, pillage d'une violence extrême pour les habitants des zones rurales touchées par la sécheresse et qui se voient refuser le droit fondamental d'accès à l'eau.

Comment autant d’aveuglement est-il possible ?

Il est temps d'ouvrir les yeux, de prendre conscience des souffrances indicibles dans lesquelles le pays est plongé et de faire l'impossible pour réparer le désastre actuel, en choisissant des options inspirées par la justice sociale et la fraternité. Il est temps d'assumer notre devoir d'humanité. Mais peut-être est-ce trop tard, peut-être que rien ne pourra arrêter la deuxième vague énorme de l’explosion sociale qui se profile à l’horizon.

jeudi 18 juin 2020

Carta a mis amigos y parientes del barrio alto de Santiago.

Carta a mis amigos y parientes del barrio alto de Santiago.
(En tiempos del Covid-19)


¿No ven el sufrimiento indecible en el que está sumido el país? ¿Cómo es posible tanta ceguera? ¿No saben de los cientos o miles de ollas comunes a lo largo de Chile de la gente que se está muriendo de hambre? ¿Somos nosotros los responsables?

¿No logran darse cuenta de que nuestro medio representa a una pequeña minoría, muy pequeña y muy privilegiada? Minoría, que de tanto vivir entre los mismos, creía, como lo dijo Piñera el 8 de octubre pasado, que el país era un oasis de paz y de prosperidad en medio de una América latina convulsionada. Minoría que no tiene la más remota idea de las dificultades, cada día mayores, de un gran porcentaje de los Chilenos, dificultades que dieron origen a la enorme explosión social del 18 de octubre, y que se agudizan a un punto indescriptible con la pandemia. Minoría convencida de tener el derecho y la capacidad de decidir por todos. Minoría que, salvo excepciones, en vez de utilizar su saber, su ciencia, su nivel de formación y cultura para el bien de toda la sociedad, como debería ser, de manera responsable, aplicada y honesta, utiliza sus capacidades en su propio interés. Minoría que sacrifica la educación, la salud y la justicia social de la gente modesta en aras de la supuesta sacrosanta libertad neoliberal y que luego califica a la gente del pueblo como ignorante, poco civilizada, o de brutos, de lumpen. Minoría que se considera de una clase superior, por no decir de una raza superior, que desprecia a los inmigrantes pobres peruanos, bolivianos, haitianos, colombianos, venezolanos, que desprecia y criminaliza a sus pueblos originarios, en particular al pueblo Mapuche, con un negacionismo histórico vergonzoso, y que oprime sistemáticamente a todos los que luchan por sus derechos, como a los manifestantes de la explosión social de octubre con sus cientos de lesionados oculares, con sus dos mil jóvenes en prisión preventiva sin motivo, con una violencia comparable o peor a la del reciente asesinato de George Floyd en Estados Unidos, asesinato que ha levantado una ola de indignación generalizada contra todas las formas de racismo en el mundo entero. Minoría acomodada y protegida por una constitución impuesta por la Dictadura criminal, que autoriza el saqueo de todas las riquezas del país, incluso del agua, en beneficio de unas pocas empresas privadas, saqueo de una violencia extrema para los habitantes de las zonas rurales afectadas por la sequía, a quienes se les niega el derecho fundamental del acceso al agua.
¿Cómo es posible tanta ceguera?
Es hora de abrir los ojos, de tomar conciencia del sufrimiento indecible en el que está sumido el país y de hacer lo imposible por reparar el daño, eligiendo opciones inspiradas por la justicia social y la fraternidad. Es hora de asumir nuestro deber de humanidad.
Pero quizás la hora ya pasó, quizás nada podrá detener la enorme segunda ola de la explosión social.