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vendredi 1 juillet 2011

Quatre écrivaines. Quatre livres en 2011. Fait Noir de Marie Nau.

Quatre écrivaines, quatre livres mis au monde en 2011. Quel bonheur!

Je connais leurs mots, elles connaissent les miens. Une de ces écrivaines est Marie Borin, peu connue à tort: tous ses livres, dont mon préféré est Félicité, méritent d’être lus ; elle rencontre le succès en 2011 avec la biographie de Rosa Bonheur. La deuxième est Marie Nau, qui publie en 2011 avec La Cheminante son premier roman, Fait Noir. La troisième, L., je n’ose pas la nommer... Son dernier livre, un roman extraordinaire, va paraître en septembre; s’il ne gagne pas un grand prix, ce que j’ai tout faux. Le quatrième livre, qui sera publié aussi en 2011, mais au Chili, est de moi...


Fait Noir de Marie Nau (commentaire)

Au-delà de l’histoire, et de sa noirceur récurrente il y a le regard pénétrant et sans concessions de l’auteur. Il y a la révolte, mais aussi, l’amour au présent, l’amitié, la solidarité exemplaire.

Le tout est porté par une écriture forte, extrêmement belle par moments, d’une beauté qui fait presque mal. Un rythme étrange et beau, comme celui du « Je » de ce jeune immigré clandestin, jeune noir ébène, sans papiers, sans identité, sans liens, ni ici ni là-bas, qui fait de Fait Noir un roman écrit à une première personne très singulière. Il aime les mots, la langue, la lecture. Ses personnages et ses lieux Elle, le Vieux Monsieur, Il, là-bas, ici, n’étant pas nommés, deviennent aussi, puisque sans identité eux non plus, universels.

La question de l’identité est posée dans le sens réel, de notre société déshumanisée, mais plus encore dans le sens métaphysique de ce qui signifie avoir un nom. Liberté et richesse de n’avoir aucun attachement, aucune histoire connue, liberté totale, mais paradoxalement perdue en découvrant l’amour. Rien ne va de soi chez Marie Nau. Le malheur de la qualité d’immigré clandestin sans papiers est bousculé et surpassé par d’autres drames. En même temps, la force vitale du protagoniste, celle qui lui a permis de franchir tous les obstacles passés, reste, comme l’espoir, intacte. Et l’amitié et l’amour ne sont jamais loin pour pallier le pire. Les notions de bonheur ou malheur sont questionnées de manière inattendue. Ce livre est loin des clichés. Il interroge non seulement la société, mais le sens même de notre humanité.

Grenoble, 26 juin 2011. Maria London

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